La sieste, cette courte pause de sommeil en plein jour, suscite des débats passionnés parmi les dormeurs. Pour certains, c’est un véritable coup de pouce énergétique, tandis que pour d’autres, elle peut se transformer en un coup de pompe indésirable. Faut-il obligatoirement s’adonner à la sieste pour préserver notre sommeil ? Existe-t-il des individus plus enclins à s’offrir ce roupillon de l’après-midi ? Nous analysons cette pratique controversée pour en tirer des conclusions éclairées.
Les Bienfaits de la Sieste sur la Santé
Après le déjeuner, certaines personnes ne peuvent pas reprendre le travail sans savourer un petit café bien serré. D’autres, en revanche, préfèrent opter pour une sieste de courte durée, allant jusqu’à une vingtaine de minutes, afin de recharger leurs batteries. Les bienfaits de cette pause ne sont pas à négliger pour notre santé globale. Brice Faraut, chercheur en neurosciences au Centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu, énumère les avantages de la sieste pour lutter contre la somnolence, le stress, et autres troubles tels que la baisse des performances cognitives, la morosité, la fragilité immunitaire, et le surpoids. De quoi persuader une majorité de Français, sept sur dix selon un sondage réalisé par QAPA et publié le 7 mars 2023, d’approuver le droit à la sieste au travail. Cependant, malgré cette adhésion théorique, certains individus ne se retrouvent pas dans cette pratique. Certains ont du mal à se détendre et s’endormir, d’autres dépassent régulièrement les 20 minutes de repos, et enfin, les grincheux d’après-sieste se manifestent. Existe-t-il une explication pour cette diversité de réactions face à la sieste ?
Sieste : Sensibilité Individuelle en Milieu de Journée
Il est indéniable que tout le monde peut ressentir le besoin de dormir en milieu de journée. C’est un phénomène naturel, expliqué par Damien Davenne, chronobiologiste, professeur et directeur de l’unité Comète à l’Inserm Unicaen, qui souligne que notre niveau de vigilance diminue entre 12 heures et 15 heures, indépendamment du fait que nous ayons déjeuné ou non.
Cependant, la réaction individuelle face à cette envie de dormir varie en fonction de nos besoins de sommeil et d’autres facteurs personnels. Par exemple, une nuit trop courte par rapport à nos besoins physiologiques peut influencer notre sensibilité à la sieste. Brice Faraut explique que nos systèmes de stress, responsables de notre éveil matinal, diminuent en milieu de journée, ce qui peut engendrer une envie de dormir vers 12 heures pour les lève-tôt, et jusqu’à 15 heures pour les couche-tard. La pression du sommeil se manifeste alors par des signaux tels que des bâillements répétés, des frissons, des difficultés à soutenir le regard ou des raideurs dans la nuque. Toutefois, il existe une minorité de personnes, les « petits dormeurs, » soit environ 8% de la population, qui semblent immunisées face à cette envie de sommeil en journée. Ces individus ont besoin de seulement 4 à 6 heures de sommeil par nuit pour être suffisamment reposés.
L’Influence de l’Âge sur le Besoin de Sieste
Le besoin de sieste peut également être davantage ressenti avec l’âge. À partir de 40 ans, puis de façon plus marquée dès 60 ans, notre horloge interne, qui régule notre cycle veille-sommeil, devient plus sensible. Lorsque nous nous écartons de nos habitudes de coucher et de lever, après une nuit courte ou une série de mauvaises nuits, l’impact sur notre humeur, notre forme physique et notre organisme est d’autant plus important. D’où cette envie plus prononcée de faire une sieste en journée afin de s’adapter à ces changements.
Conseils pour une Sieste Réparatrice
L’efficacité de la sieste et la qualité du sommeil dépendent également de l’environnement et de notre état d’esprit au moment de l’endormissement. Pour favoriser une sieste bénéfique, il est essentiel de choisir un environnement calme et propice au repos. Dormir dans un lieu bruyant, trop lumineux, trop chaud ou trop froid peut augmenter le niveau d’anxiété et ainsi réduire la probabilité de sombrer dans un sommeil lent-profond. Pour préparer son corps à une sieste réussie, il est recommandé de s’entraîner à travers des exercices de relaxation, de sophrologie, ou de visualisation mentale, en se concentrant sur une image familière ou une œuvre apaisante.
En ce qui concerne le réveil de la sieste, il est primordial d’y accorder de l’attention. Les détracteurs de cette pratique connaissent bien le sentiment de grogne, voire de somnolence persistante au moment du réveil. Cela est dû à l’inertie du sommeil, également appelée ivresse du sommeil. Pour éviter cet état, qui doit normalement être transitoire, il est recommandé de limiter la sieste entre 10 et 30 minutes, en fonction des ressentis individuels. Au-delà de cette durée, nous entrons dans une sieste de récupération du sommeil lent-profond, plus adaptée aux travailleurs ayant des horaires décalés.
La sieste est un besoin naturel pour de nombreux individus et offre de nombreux bienfaits pour notre santé mentale et physique. Cependant, la sensibilité à cette pratique varie en fonction de nos besoins de sommeil, de notre âge et de notre capacité d’adaptation aux changements.
Il est important de se connaître soi-même et d’écouter son corps pour savoir si la sieste est bénéfique ou non. Pour certains, elle représente une pause énergisante qui améliore leur productivité et leur bien-être tout au long de la journée. Pour d’autres, elle peut perturber leur rythme de sommeil et entraîner une sensation de grogne à l’éveil.
Si vous souhaitez essayer la sieste, voici quelques conseils pour en tirer le meilleur parti :
- Trouvez le bon moment : Essayez de faire la sieste lorsque vous ressentez une baisse d’énergie en milieu de journée. Évitez de dormir trop près de l’heure du coucher pour ne pas perturber votre sommeil nocturne.
- Limitez la durée : Pour éviter l’inertie du sommeil, optez pour une sieste courte de 10 à 30 minutes. Si vous avez besoin de plus de récupération, préférez la sieste du soir pour ne pas altérer votre sommeil principal.
- Choisissez un bon environnement : Trouvez un endroit calme et confortable où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
- Préparez-vous pour la sieste : Si vous avez du mal à vous endormir, pratiquez des exercices de relaxation ou de visualisation pour vous aider à vous détendre.
- Réveillez-vous en douceur : Évitez les réveils brusques. Donnez-vous le temps de vous réveiller progressivement et de vous remettre en marche.
Rappelez-vous que la sieste n’est pas une obligation, et certaines personnes peuvent très bien fonctionner sans en avoir besoin. L’essentiel est d’écouter son corps et de trouver un équilibre qui vous convient.
En conclusion, la sieste peut être un allié précieux pour améliorer notre bien-être et notre santé, mais il n’y a pas de réponse universelle à la question de savoir si nous sommes faits pour la sieste. Chacun de nous est unique, et ce qui importe le plus est de respecter nos propres besoins en matière de sommeil.
Alors, êtes-vous fait pour la sieste ? C’est à vous de décider, en écoutant votre corps et en choisissant ce qui vous convient le mieux. Bon repos !
Sources : Brice Faraut, chercheur en neurosciences au Centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu.
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